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| Vous reprendrez bien un peu d'amiante ???? | |
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CéLine Modératrice
Nombre de messages : 484 Age : 51 Date d'inscription : 26/09/2005
| Sujet: Vous reprendrez bien un peu d'amiante ???? Dim 8 Jan - 2:14 | |
| Poussières d’amiante à la BNF
Les nouveaux tests effectués par la Bibliothèque nationale de France confirment la présence, dans les réserves, d’une contamination importée d’une annexe. Des ouvriers de chantier naval ? Des forçats du bâtiment ou de la sidérurgie ? Non : des magasiniers de bibliothèque. Des types en blouse qui déploient, nettoient, emballent, réparent des livres, manuscrits et documents. Mais qui, eux aussi, ont respiré des poussières d’amiante. Quelque quarante agents de la Bibliothèque nationale ont travaillé dans une vaste annexe construite à Versailles en 1970, où le flocage des plafonds se dégradait année après année, à vue d’œil, pour se déposer sur les étagères et les tranches des livres. De 1997, date de l’emménagement sur le site de Tolbiac, à octobre 2005, cent autres agents au moins ont déballé l’équivalent de 21 kilomètres de rayonnages de livres en provenance de l’annexe, empoussiérant un site tout neuf. Ils craignent d’avoir respiré « cette saloperie » , comme ils disent. Les tout derniers tests, effectués du 8 au 10 novembre 2005 par le Laboratoire d’étude des particules inhalées (Lépi), et qui seront rendus publics la semaine prochaine, confirment leurs craintes. Sur 16 prélèvements d’air ambiant dans les magasins, deux ont des concentrations en fibres qui frôlent ou dépassent le seuil autorisé. Sur 32 prélèvements réalisés à l’occasion d’ouvertures de cartons, 7 dépassent les limites admises. Le rapport ajoute : « Tous les échantillons de poussière récupérés sur la table, le chariot et les livres ainsi que dans l’aspirateur contiennent des fibres d’amiante de type chrysotile et/ou amosite. » Rien ne dit que les magasiniers de la BNF feront partie des 100 000 décès « dans les 20 ans à venir », prophétisés par la mission du Sénat sur l’amiante. Ce qui est certain, c’est que la direction de la Bibliothèque nationale s’est comportée, jusqu’à il y a peu, de la même façon que les entreprises et administrations fustigées par les sénateurs : opaque, négligente et incompétente. Jugez plutôt. En vertu d’une nouvelle réglementation, la BNF conduit, depuis 2004, son « recensement des risques sanitaires, publics et professionnels ». Et, à l’initiative de la directrice générale Agnès Saal, décide d’évaluer la quantité d’amiante versaillaise qui subsiste dans ses cartons et collections. Sept ans après le déménagement, il était plus que temps. En juin 2005, 6 tests sont menés : l’un est inquiétant. Nouvelle batterie en juillet. Et le 5 août, le directeur délégué aux ressources humaines adresse un e-mail victorieux aux membres du Comité hygiène et sécurité (CHS). En substance, tout va bien : « Absence de toute trace d’amiante ». Mais « mesures d’interdiction de manipulation à titre de précaution » , peut-on également lire. Un tableau de 16 résultats sur l’air ambiant, rassurant, accompagne le mail. Curieusement, une seconde pièce y est jointe : une note d’Agnès Saal adressée aux directeurs de département, qui signale, elle, des « traces d’amiante résiduelles » . Bizarre. En fait… il manque un tableau : celui des 43 tests réalisés avec simulation d’activité. Huit de ces tests font état de la présence d’amiante ; trois sont alarmants et suggèrent que les magasiniers ont dû respirer quelques fibres. Sur le plan de la communication interne, la cacophonie se poursuit. Capable de transparence, la direction de la BNF envoie, le 6 septembre, une lettre aux anciens de Versailles pour les informer de la présence de « traces résiduelles » dans les collections importées. Transparents aussi, les services techniques qui remettent au syndicat FSU l’ensemble des résultats, à la mi-septembre. Mais la direction vire opaque quand il s’agit d’expliquer le grand chantier de dépoussiérage (qui démarrera au printemps) en le justifiant d’un simple « principe de précaution » . Opaque également quand, le 6 octobre, lors de la réunion du CHS, elle rechigne à évoquer publiquement le tableau explosif, qu’elle finit par produire sous la pression de la FSU. Elle devient larguée quand ses services techniques annoncent, dans la foulée, que les résultats alarmants sont en fait incomplets, avec une trop grande marge d’incertitude. Et qu’il faut tout recommencer, avec un laboratoire plus fiable. Ce seront les tests de novembre. Et Versailles dans tout ça ? Les trois bâtiments composant l’annexe, vastes et fantomatiques, étaient jusqu’alors propriété du ministère de la Culture, bien qu’à l’abandon depuis 1997. Ils viennent de passer dans les mains du ministère de l’Intérieur, et ont été affectés à l’hôtel de police de Versailles, qui détruira le bâtiment incriminé, le « C », finalement trop cher à désamianter. Car les anciens du « C » sont unanimes : de l’amiante qui se décomposait, ça, il y en avait. « Des flocons tombaient sur les étagères » , témoigne Jean Levaxélaire, l’ancien gardien. « L’amiante ne tenait que grâce à la peinture qu’on lui mettait dessus. Ils ont fini par fermer le bâtiment quelques mois avant le déménagement » , ajoute une magasinière. « Pendant les années 90, quand nous nous alarmions de l’état du flocage et demandions à être informés, on nous soupçonnait de fomenter un complot contre la direction ! Il n’y avait eu qu’un vague dépoussiérage… », assure de son côté une retraitée. Les photos du bâtiment prises par les employés sont éloquentes. Le chercheur Michel Parigot, expert pour la FSU au Comité hygiène et sécurité, et président du comité anti-amiante de Jussieu, le dit sans ambages : « Avoir transféré ces ouvrages sans les dépoussiérer, ou si peu, c’est une bourde. Mais les avoir fait manipuler depuis 1997 par des agents, sans aucune analyse, est une véritable faute. » Un audit interne est en cours. Il a été demandé par le président, Jean-Noël Jeanneney, douze jours après le CHS catastrophique. Mais la cerise sur le gâteau s’appelle Edouard Burlot. Rescapé d’un cancer du pancréas, 85 ans, il porte écharpe écossaise et sourire bonhomme. Edouard a nettoyé l’annexe de Versailles de 1971 à 1985, deux à trois heures par jour et les samedis entiers, en sus du ménage qu’il effectuait dans un institut pour aveugles. Son statut, à l’époque ? « Employé d’une société de nettoyage » , croit savoir la CGT. Faux. « Au noir » , dit la rumeur. Faux. « Son épouse était femme de ménage, et lui travaillait sans lien contractuel avec la BN » , avance la direction. Faux encore. Edouard Burlot, récemment retrouvé par la FSU, était un vacataire dûment salarié par la Bibliothèque nationale, comme l’atteste sa pile de fiches de paie (montant de son dernier salaire : 1 784 francs). Son statut d’ancien de la BNF a été reconnu début décembre, in extremis. Car Edouard n’a jamais reçu, et s’en est plaint, le colis de Noël dû à tous les retraités. Son deuxième souci, c’est qu’il assure ne percevoir aucune pension liée à son activité à la BN. Et son troisième, c’est qu’après avoir, quinze ans durant, balayé et aspiré les rayonnages versaillais, il présente d’inquiétantes taches blanches sur les deux poumons. Un pneumologue lui a demandé d’effectuer un scanner, seul examen qui permette de dire s’il a une maladie liée à l’amiante. Edouard repousse l’échéance. Il rigole : « De toute façon, je vais crever, alors qu’est-ce que vous voulez… »
Emmanuelle Walter Le nouvel Obs | |
| | | CéLine Modératrice
Nombre de messages : 484 Age : 51 Date d'inscription : 26/09/2005
| Sujet: Re: Vous reprendrez bien un peu d'amiante ???? Jeu 26 Jan - 21:59 | |
| BNF : des livres qui tombent en poussière d'amiante Le rapport que «Libération» s'est procuré confirme le danger de leur manipulation.
Par Eliane PATRIARCA mercredi 25 janvier 2006
«Soit on dépoussière totalement ces livres, soit il faut les enfermer et ne plus y toucher.» Le diagnostic de la directrice du Lepi, Laboratoire d'étude des particules inhalées de la ville de Paris, est clair : 700 000 ouvrages des collections patrimoniales de la Bibliothèque nationale de France (BNF) à Tolbiac (Paris XIIIe) sont assez contaminés à l'amiante pour menacer la santé des magasiniers. A la demande de la direction de la BNF, le Lepi a effectué des prélèvements d'air d'octobre à novembre 2005. «Les niveaux d'exposition à l'amiante sont similaires à ceux des ouvriers qui travaillent dans le bâtiment pour la maintenance», explique Marie-Annick Billon-Galland.
Comment est-ce possible alors que la BNF a été inaugurée en 1995 ? L'amiante a tout simplement été «importé» d'une ancienne annexe (Libération du 14 octobre 2005). Cette histoire grotesque est retracée par le rapport d'enquête interne que doit examiner, ce jeudi, le Comité hygiène et sécurité (CHS) de la BNF et que Libération s'est procuré. On y découvre comment, en 1996, la direction a choisi de transférer en l'état les collections dans la nouvelle bibliothèque alors que la contamination à l'amiante de l'annexe était connue de tous.
Rapport. Construit en 1968, le bâtiment de l'annexe C, situé à Versailles, a été floqué à l'amiante. Dès 1981, «des dégradations du revêtement amianté» sont constatées, lit-on dans le rapport. Et le sujet souvent évoqué lors des CHS. En 1983 et 1987, le Lepi signale une «pollution notable». «Les normes pour la concentration d'amiante dans l'air n'étaient pas établies comme elles le sont depuis 1996, précise Marie-Annick Billon-Galland, mais la contamination était claire.»
De plus, note le rapport, l'ensemble des analyses d'atmosphère réalisées entre 1981 et 1995 recommandent «d'éviter toute dégradation du revêtement amianté». Pourtant, «les travaux pour arrêter la desquamation du flocage n'ont pas été faits (...) faute d'entreprise compétente en la matière.»
En 1996, le transfert des collections à Tolbiac est à l'ordre du jour. Différentes réunions évoquent la nécessité de leur désamiantage avant leur départ. Une expertise est confiée à la société Socotec qui confirme cette nécessité. Mais la direction des services de conservation juge le surcoût induit énorme (1 MF). Et demande à la Socotec «une nouvelle campagne de prélèvements plus ciblés». Celle-ci obtempère et le 14 octobre conclut à... des «proportions d'amiante dans l'air dérisoires». Le 18 octobre, la direction estime donc qu'«il ne sera pas nécessaire de recourir à un dépoussiérage antiamiante spécifique». Une société privée procédera le 2 février 1997 à un nettoyage «dans des conditions normales de dépoussiérage».
Tempère. Déménager ainsi «les collections sans les désamianter préalablement et sans protéger les personnels» était une décision «hâtive et erronée», explique le rapport, qui tempère malgré tout : «il ne faut pas pêcher par anachronisme, en plaquant sur le passé des connaissances et des sensibilités qui sont les nôtres maintenant». Pourtant, 1996 est une année où l'on a beaucoup parlé d'amiante en France : expertise Inserm, décrets relatifs à la protection de travailleurs exposés à ce matériau... D'ailleurs, c'est l'année suivante que cette fibre minérale est enfin interdite en France.
Après le déménagement, le sujet tombe dans l'oubli. Jusqu'à l'été dernier où des analyses d'air à la BNF montrent des résultats alarmants. En octobre, tout en annonçant par «souci de précaution» un vaste «plan de dépoussiérage» en 2006, la directrice actuelle, Agnès Saal, déclare que ces résultats «font preuve d'une marge d'incertitude si importante qu'ils ne peuvent être interprétés» (Libération du 14 octobre 2005). Le Lepi est prié de procéder à de nouvelles analyses. Et celles-ci corroborent les premières. Le 21 décembre, la direction interdit toute manipulation des 700 000 ouvrages contaminés. Sollicitée par Libération, Agnès Saal n'a souhaité commenter ni les analyses du Lepi ni le rapport d'audit interne remis à la direction de la BNF et à son président, Jean-Noël Jeanneney, le 30 décembre dernier.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=353862
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| | | CéLine Modératrice
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| Sujet: Re: Vous reprendrez bien un peu d'amiante ???? Jeu 26 Jan - 22:02 | |
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