Les cayucos d'émigrants, nouvelle attraction touristique à Ténérife
19/05 06:51 :
"Ces jours-ci, des bateaux pour touristes sortent en mer et on leur dit sur le même ton: voyez la plage par ici et à droite, un cayuco d'immigrants", raconte Austin Taylor, coordinateur de la Croix rouge à Ténérife.
Les émigrants africains qui arrivent massivement ces derniers jours à bord de pirogues dans l'archipel espagnol des Canaries, sont devenus une attraction pour les milliers de touristes, essentiellement espagnols, britanniques et allemands, se délassant dans ces îles.
"Quand est-ce qu'ils arrivent ?", demande un touriste britannique en bermuda, chemise rayée et lunettes de soleil.
L'homme, qui refuse de dire son nomm, patiente sur le quai du port de Los Cristianos dans le sud de l'île volcanique de Ténérife, où doivent être remorqués de façon imminente deux "cayucos" avec des émigrants venant de Mauritanie ou du Sénégal à bord.
Dans le port de Los Cristianos, le plus animé de Ténérife, les membres de la Croix Rouge préparent le débarquement, et notamment deux hôpitaux sous des tentes. Les émigrants ont été repérés par les services de secours en mer à 75 km des côtes de Ténérife.
Peu après, un couple d'âge mûr s'approche et demande: "D'où viennent-ils ?".
Les émigrants, en très grande majorité originaires d'Afrique de l'Ouest, n'ont généralement pas de papiers lorsqu'ils arrivent en Espagne, et sont réticents à dire d'où ils viennent, pensant ainsi éviter d'être rapatriés.
Leurs pirogues sont peintes de couleurs chatoyantes, ou unies, souvent rouillées par la traversée.
"C'est parfois un véritable cirque. Avant, beaucoup de gens du village venaient aussi", se plaint Taylor, en référence aux badauds qui se massent derrière les barrières installées par la police espagnole pour protéger l'arrivée des émigrants.
Certains observent l'arrivée des deux "cayucos", transportant 137 personnes, depuis le bar du terminus maritime de Los Cristianos.
Entre bière et soda, ils font des commentaires sur le nouveau débarquement, un événement quotidien ces derniers mois à Tenerife, où 3934 émigrants sont arrivés depuis le début de l'année, dont "mille depuis jeudi", selon Taylor.
Les émigrants, à l'entrée dans le port, ne paraissent pas intimidés par la curiosité qu'ils suscitent.
Après avoir été examinés par un docteur, certains affichent même un sourire malgré leur exténuant voyage, contents d'avoir atteint leur objectif de gagner l'Europe, et n'hésitent pas à saluer depuis les autocars qui les transportent vers le commissariat, où la police espagnole tentera de les identifier, faute de quoi ils seront relâchés.